Histoire et culture

La forêt est un lieu d’histoires : contes et légendes, ou récits révélant les enjeux de la vie quotidienne en montagne…  parfois ces histoires rencontrent l’Histoire.  En voici quelques unes.

Un cône de hêtre pour les gâteaux à la broche…

Réalisé en Bigorre et au Pays Basque, pour certaines cérémonies, le gâteau à la broche est fabriqué d’une pâte filée et peu à peu enroulée autour d’un cône de hêtre tournant au-dessus du feu.

Lors des mariages, la tradition voulait que la mère de la mariée tourne la broche, et que sa fille forme le gâteau, ensuite orné de rubans et de sucreries. À l’intérieur au moment de servir, dans le creux du mandrin, était déposé un couple de tourterelles ou autres oiseaux sauvages. La mariée soulevait le gâteau et si les oiseaux partaient vers le sud, le couple allait être très heureux…
Pour les baptêmes, même scénario. Mais avec des mésanges…

La guerre des demoiselles en Ariège

De 1829 à 1843, des groupes d’hommes des villages se sont déguisés en femmes en Ariège pour lutter contre la décision de l’Etat de reprendre aux communes le sol domanial et d’instaurer une administration forestière. Collecte de bois de chauffage, cueillette, défrichement et brûlis pour une mise en culture de quelques parcelles, glanage, pacage, chasse, pêche, braconnage… sont interdits.

Franchises et droits d’usage ancestraux sont supprimés et le paysan qui continuait à les pratiquer était considéré comme «hors la loi» et condamné à de fortes amendes. Seule est autorisée l’exploitation forestière pour un usage commercial. A cette époque en effet, l’industrialisation naissante et le chemin de fer récent réclament davantage de charbon de bois, produit par les charbonniers dans la forêt.

Pour les villageois, qui vivent souvent en quasi autarcie, les conséquences sont graves.  Déguisés en femmes avec de longue chemises blanches, des foulards ou des perruques, le visage noirci ou caché, ils ont commencé à attaquer, souvent la nuit, les grands propriétaires, les gardes forestiers et gendarmes, les maîtres de forges et les charbonniers.

En petits groupes de quelques dizaines d’hommes dans chaque village, ils évoluent de manière autonome sur un pays qu’ils connaissent bien. Les paysans conduisent cette « guerre » avec peu d’armes mais avec pugnacité : lettres de menace, placards sur des édifices publics, attaques surprises par de petits groupes très mobiles qui se fondent dans la nature et dans la population.

Parfois les Demoiselles se manifestent en plein jour, comme ce défilé en armes et en musique en pleine fête du village de Balaguères le 24 janvier 1830, ou cette visite trois jours plus tard à Massat, ou 500 Demoiselles entrent  dans la mairie de Massat pour déposer leurs doléances : suppression de toute taxe sur le ramassage du bois de chauffage dans les forêts et surtout départ des gardes-forestiers.

Le pouvoir central se trouva démuni devant cette « guerre des demoiselles ». Des mesures d’amnistie seront prises et la loi assouplie.